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Fly Fish Dive : le blog de Florian
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La revanche du black bass

Toute personne qui s'intéresse un peu à la nature est aux animaux DOIT lire absolument les livres de Kenneth Cook. Cet écrivain australien a compilé dans trois livres hilarants des histoires vraies invraissemblables mettant en scène lézards, serpents, rats, requins, koala dans "le koala tueur", "la revanche du wombat" mais surtout, surtout, surtout, "l'ivresse du kangourou".

Bref, étant en plein lecture de ces ouvrages au moment une petite mésaventure m'est arrivé au bord de l'eau, je n'ai pas pu résister à la tentation de la coucher sur une page. Au départ, ce récit était destiné à mes parents. Je le destine maintenant au plus grand nombre, espérant qu'il y a peut être une leçon à en tirer, et qui n'est peut être pas celle qu'on croit ... Mais bon, ça doit suffir comme introduction !

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Je voulais vous raconter une petite histoire qui m’est arrivée hier soir à la pêche. Depuis quelques semaines, je me rends souvent au confluent de l’Ariège et de la Garonne, ou se trouvent de nombreux étangs, un joli bois habité par plein de sangliers et de chevreuils, des milliers d’oiseaux et bien entendu dans les étangs, quelques poissons parmi lesquels black bass, perches mais aussi brochets, carpes, sandres et peut être même des silures … je ne connais pas encore très bien les lieux, mais j’y ai déjà capturé deux jolis bass d’une trentaine de cm, ainsi qu’un répugnant poisson chat. Il y a aussi eu un jour ou un gros poisson qui avait faim m’a coupé net le bas de ligne, emportant avec lui un joli leurre de surface.

Bref, me voilà au bord de l’eau, à chercher les caches à poissons carnassiers et anticipant des bagarres musclées avec les monstres d’eau douce. Le plan d’eau comporte de nombreux troncs d’arbres immergés ou à peine affleurant, sur lesquels on voit de nombreuses cistudes, des couleuvres, des lézards et sous lesquels les silhouettes des poissons sont très souvent visibles. J’ai donc décidé de lancer mon leurre préféré, un crankbait, près de l’un de ces troncs d’arbres, distant d’à peine deux mètres de la berge. Le crankbait est une arme de pointe de la pêche moderne, il s’agit d’un poisson en plastique creux, dans lequel on a inséré des billes dont le bruit appelle l’attention du poisson, qui est doté d’une bavette destiné à le faire zigzaguer comme un poisson effrayé cherchant à fuir un prédateur, et dont les couleurs tape à l’œil permettent de le repérer même dans des eaux turpides.   

Dès le premier lancer, un black bass s’est jeté dessus la gueule béante, mais sans accrocher l’hameçon. Je le vois alors se réfugier sous le tronc d’arbre, d’où il avait sans doute surgit. Le bass étant un poisson assez têtu, je relance mon leurre au même endroit, à plusieurs reprises, sans succès. Il devait avoir bonne mémoire. Mais je n’étais pas le premier pêcheur à avoir eu cette idée, et après quelques essais, un désastre commença à se profiler. L’hameçon de mon crankbait s’est pris dans un fil déjà accroché au tronc d’arbre devant moi … ce cas de figure s’était déjà présenté lorsque j’étais plus jeune, et bien qu’essayant de décrocher le leurre de ce fil avec délicatesse, le bois du tronc d’arbre était bien trop lourd pour les 3.6 kg de résistance des 20/100 de mon bas de ligne et l’inévitable se produisit, le fil se rompit, laissant en flottaison mon crankbait désormais orphelin, accroché aux vestiges d’une autre ligne malheureuse, elle-même prisonnière du tronc d’arbre incriminé.

Mais je ne me suis pas démonté pour autant.

Lorsque je vais à la pêche, j’ai toujours deux lancers avec moi : un léger, monté fin, que je destine aux bass et perches et éventuellement truites, et un lourd, monté plus gros, qui je l’espère m’aidera un jour à attraper un beau brochet. C’est avec ce second lancer, équipé d’un spinnerbait, que j’ai donc essayé de récupérer le premier leurre. Le spinnerbait, en dépit de son aspect plus rustique, est une autre arme de pointe de la pêche moderne : il se présente sous la forme d’un accent circonflexe, dont une extrémité est dotée de deux palettes tournantes, comme celles des cuillers d’antan, et dont l’autre extrémité est équipée d’un hameçon simple, habillé d’une jupe de couleur flash. Toute l’astuce réside dans le fait que l’hameçon est tourné vers l’intérieur de l’accent circonflexe, lui-même accroché en son milieu à l’émerillon noué à la ligne. On peut donc le lancer n’importe où, dans les herbiers, ou proche des troncs d’arbres, sans risque de l’accrocher à un obstacle, une vraie révolution. Les palettes et la jupe jouent comme sur tous les autres leurres leur rôle d’appelant pour les poissons.

Bref, l’idée était la suivante : faire passer le fil de mon premier leurre, accroché à l’arbre, dans l’hameçon du spinnerbait, et tenter de décrocher le tout ou de ramener vers la berge l’ensemble. Accrocher le fil du premier leurre dans l’hameçon du second leurre ne fut l’affaire que de quelques secondes, après quoi j’ai tendu le fil en bridant le moulinet. J’ai alors eu la satisfaction de voir que le tronc d’arbre se rapprochait de la berge tout doucement, et n’avait alors aucun doute quand on au succès de l’opération de sauvetage.

Mais c’était sans compter sur le fait que l’arbre avait probablement une branche tournée le fond du lac, et qui empêchait le tronc de se rapprocher de la berge au-delà d’un certain point. L’arbre a alors tout doucement re glissé au loin de la berge, tendant davantage ma tresse et rompant, une nouvelle fois, mon bas de ligne. Je me trouvais donc face au tronc d’arbre sur lequel un fil de pêche coincé avait capturé mon crankbait, lui-même geolier de mon spinnerbait. Jusqu’ici, le seul succès dont je pouvais me contenter était d’avoir rapproché l’arbre innocemment responsable d’environ un mètre, il était donc à portée de ma canne à pêche. Ma nouvelle stratégie reposait donc sur la possibilité de libérer les prisonniers du tronc d’arbre avec le scion de la canne à pêche. Comme dans la précédente manœuvre, accrocher le fil au bout duquel mes leurres étaient accrochés ne fut qu’une question de secondes. J’entrevoyais alors à nouveau le succès de l’opération, les leurres remuant au bout des 2m40 de carbone de ma canne à emmanchements, dont le second élément s’est justement désemmanché sous la traction des fils accrochés à l’arbre.

Hébété, je ne pouvais que contempler avec désolation le fiasco de mes manœuvres et le triste spectacle de l’élément de ma canne attaché flottant au spinnerbait, lui-même accroché au crankbait, lui-même pris au piège du fil accroché au tronc d’arbre. C’était trop pour moi. J’aurais pu prendre sur moi et accepter de perdre deux leurres dans la même partie de pêche (cela arrive plus souvent qu’on croit) mais 50% de la longueur d’une jolie canne Daiwa avec deux leurres au bout, c’est hors de question. Surtout qu’il y avait sous le tronc d’arbre un black bass qui devait bien rigoler.

La seule et dernière possibilité qu’il me restait étant le bonhomme, j’ai donc sans hésitations aucune ôté mes chaussures, mon t shirt, mon pantalon de randonnée convertible en short et suis entré dans l’eau, en estimant qu’à 1m50 de la berge, la profondeur devait être d’un mètre environ et que je serai immergé jusqu’à la taille.

Mouillé jusqu’aux oreilles, j’atteignais enfin l’élément de la canne, décrochait les deux leurres, et nageait vers la berge, sur laquelle je déposai mon précieux butin.  Le pantalon convertible short fut alors transformé en bermuda et les bas du pantalon transformés en serviette de bain. Après un séchage aidé par les derniers rayons du soleil, je pouvais donc me rhabiller et ranger mes articles de pêche.

Une fois fait, j’ai repris mes cannes dans la main droite, l’épuisette dans la main gauche et mon sac à dos, sur le dos.

Après deux ou trois pas sur la berge, j’ai glissé, et je suis tombé à l’eau.

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  • Salut à tous, je vous propose de partager ici des expériences vécues en l'air, au bord de l'eau, sous l'eau et à l'autre bout du monde dans des paysages splendides. Avec toujours un appareil photo sous la main, de belles rencontres y seront immortalisées.
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