Récré en faces sud pour un étudiant palois
Que faire lorsque la trêve forcée des chasseurs approche à grands pas, qu’on a subi une année météo pourrie, qu’une jolie confluence est installé sur la crête frontière et qu’on a pas cours avant 18h (et qu’on est pas étudiant en médecine, Thomas si tu me lis …) ?
Réponse : sortir le SF 28 tango Juliette et partir voir les faces sud ! Cette année, je ne les ai vues que deux fois au départ de Jaca, avec Jean et Benoît en janus. Pas une seule fois au départ d’Oloron, alors je n’épilogue pas longtemps sur la question.
Moteur, et cap sur le Visaurin. Survol du lac d’Estaens avant de traverser la frontière :
J’arrive au Visaurin a 2700m, moteur à faible régime. Depuis le secteur de Lescun, je rencontre de fortes ascendances mais je n’ai pas coupé car je veux vraiment arriver directement dans la confluence. C’est ici, à la Collarada, que j’éteins le moteur et passe l’hélice en drapeau. Le vario du SF devenu planeur accuse 6m/s ! et 3000m QNH sont atteints très rapidement.
La confluence s’étend jusque dans le secteur de l’Aneto. On a connu plus long, mais on s’en contentera :
Je suis rejoint par un duo discus X, la version modernisée à winglets, puis par deux autres duo discus :
Pas trop difficile ! tout droit, ça monte en ligne droite. Et ce bon vieux SF qui vole a 70 km/h, n’a pas besoin de spiraler dans les larges ascendances sous les bases de ces cumulus. J’ai fait tout le vol entre 2600m et 3000m QNH.
Au bout de la tendenera, j’aperçois la silhouette d’un planeur en spirale. Il tourne lentement, et avance doucement. En m’approchant, j’ai la surprise de me trouver avec le SF25 D KASO, qui s’est posé à Oloron hier. Clément, son pilote, sillonne le sud de l’europe avec, et était aujourd’hui à Jaca.
Amusé, je décide de suivre Clément pour une nouvelle branche vers Ordesa. Nos motoplaneurs semblent voler de façon égale, le SF25 ayant la réputation d’être moins agréable que le SF28, surtout en vol moteur. Mais moteurs coupés, nous volons tous les deux de concert à petite allure, ce qui laisse tout loisir d’apprécier le charme désuet de ces aéronefs hybrides en bois et toile :
L’heure tourne, et il va falloir rentrer à vitesse de SF28, c’est à dire sans se presser. Je refais le plafond au dessus de la collarada et prend un cap nord : il faut rentrer en France. Voici la face Est de la Collarada, avant de remonter.
Il y a un léger vent nord, aussi aurais je besoin de quelques tours d’hélice pour passer en sécurité le col du Somport, environ jusqu’à Lescun, ou je coupe à nouveau le moteur. Je ne le rallumerai plus du tout au cour de ce vol. Petite prise de vue du cirque de Lescun :
Une fois le motoplaneur rentré, j’ai repris le chemin de la fac. Qu’est ce que j’aurais aimé faire ce vol en libelle, ou en janus … tout droit, +300 sous le nuage, tout droit, -200m, tout droit, +300m ….Je vous souhaite à tous de survoler les faces suds des pyrénées ; tout y est presque magique. Les noms des sommets ou des pentes portent des noms que l’on croirait sortis d’un épisode de Zorro, les ascendances sont puissantes, les contrastes des couleurs du sols se marient de manière magnifique avec les effets de l’érosion sur les rochers … une fois que l’on a survolé les faces suds, on ne peut plus s’en passer !
La vie n’est pas si moche que ça …